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ARCHIVES SAINT-LYPHARD
Julien Landeau - Recteur et Maire de Saint-Lyphard
Julien Landeau sauvé des noyades de Nantes Julien Landeau s'était aperçu que le lien qui l'unissait à un vieux moine, pouvait se défaire assez facilement. Les deux prêtres unirent leurs efforts et se libérèrent de leur attache. Au mouvement du bateau, les prisonniers comprennent qu'ils descendent la Loire. Bientôt, des coups de marteau, qui ouvrent les «sabords» se font entendre. L'eau s'engouffre dans l'embarcation, renversant les prisonniers pris au piège. Tirant son compagnon de misère, Julien Landeau parvient à s'extraire de la gabare, et émerge du fleuve. L'eau est glacée, un spectacle horrible s'ouvre à leurs yeux: les bourreaux harponnent de leur gaffes et maintiennent sous l'eau les prêtres qui sont jetés hors de la gabare pendant son inondation. Ils entendent des coups de rame cognés sur les têtes de ces malheureux. Le curé de St Lyphard, qui est un bon nageur, soutien son compagnon. Les deux hommes se glissent silencieusement et parviennent à tromper la surveillance de leurs tortionnaires. Bientôt ils se trouvent en pleine Loire, et le vieux prêtre voyant ses forces décliner, supplie Julien Landeau de se sauver, seul, et de le laisser mourir. L'abbé Landeau s'obstine à le soutenir, mais bientôt il sent les mains du vieillard se détacher de lui, et s'abandonnant, se laisse couler (récit de l'abbé Landeau lui même, détail recueilli par son neveu M. Landeau curé de Muzillac, et publié dans les «Notices sur les confesseurs de la foi dans le diocèse de Nantes par l'abbé Briand (t.II p.597) Resté seul, l'abbé Landeau se laisse porter par le courant de la Loire. Dans le silence de la nuit, il entend un bruit de voix. Essayant de le localiser, il aperçoit la silhouette d'une barque montée par plusieurs personnes. Il se dirige vers l'embarcation, saisit le bordage, et implore secours. Surpris, l'un des hommes lui demande qui il est . «un prêtre que l'on vient de jeter à la noyade» ..il y eu parmi les mariniers, un court conciliabule, et notre abbé, anxieux, entend ce dialogue «bah! disait l'un, c'est est calotin, il en restera toujours assez de son espèce mes amis, fit un autre, si c'était le chien de mon ennemi, nous ne voudrions pas le laisser périr, sauvons le.» (Récit de l'abbé Landeau curé de Muzillac) Les marins tirèrent l'abbé hors de l'eau, pour le hisser dans la barque. S'étant consulté un court instant, ils ramèrent vers la rive droite du fleuve, pour y déposer Julien Landeau sur le sable. Là, il s'orienta, il reconnut le hameau de «la Roche Maurice» à une lieue, en aval de Nantes. Tremblant de fatigue, de froid et de peur, il lui fallait trouver un refuge pour la nuit. Il se dirige vers le hameau et frappe à la porte d'une chaumière. Des paysans l'accueillent avec bienveillance, lui fournissent de la nourriture et des vêtements secs. Mais Julien Landeau ne pouvait rester chez ces braves gens, dans son intérêt, comme celui de ses hôtes. Il devait partir avant le jour. Aussi, il a été convenu, qu'il partirait avec la fille de la maison, qui chaque jour, porte à Nantes le lait de leurs vaches. Elle y connaît une Dame Lamy qui est originaire du même village que l'abbé, «Queniquen» en Guérande. Cette Dame consentirait certainement à donner asile au prêtre pendant quelques temps. Le jour se lève, il faut partir, c'est habillé en paysan, et portant un panier plein de légumes, que l'abbé Landeau pris le chemin de Nantes, où il arrive sans être inquiété. Reçu chez Madame Lamy, il se cache, et adresse une lettre à un de ses frères, paludier, demeurant à Queniquen en Guérande. Pour sortir de Nantes, Madame Lamy procure un costume de paludier à l'abbé Landeau, et l'accompagne jusqu'à Queniquen (suivant les traditions de famille de M.Loiret, petit fils de Madame Lamy) C'est dans cette tenue que Julien Labdeau arrive, sans encombre, dans son village. Il y séjourne, tout l'hiver, où il y avait deux caches: l'une dans la maison de son frère, il vivait blotti sous une meule de foin, l'autre dans un ravin à l'ouest du village. Depuis son arrestation, l'abbé Landeau avait une peur instinctive des «bleus», mais il sortait la nuit, allant par la campagne, porter aux fidèles, les secours de la religion. Bien souvent l'abbé était sur le point d'être pris. Un soir il avait frôlé la catastrophe. Des paysans s'étaient rassemblés chez son frère pour assister à une messe nocturne; les objets du culte étaient déjà disposés, lorsque des bruits se sont fait entendre, c'était la garde nationale de Guérande. Très vite, les paysans font disparaître les préparatifs de l'office, et le prêtre gagne sa cache au plus vite. Rapidement la maison est cernée, et fouillée, mais les soldats ne trouvent rien. (l'histoire dit qu'un soldat avait aperçu un objet du culte au dessus d'une armoire, mais ce dernier n'a rien dit, et un autre soldat, qui piquait le foin avec son épée, aurait aperçu l'abbé, et aussitôt, il aurait fait sortir tout le monde, en disant «il n'y a rien ici» ) L'alerte avait été chaude, et le temps était venu de chercher un autre asile. Depuis longtemps, Julien Landeau désirait revenir à St Lyphard, où il savait être aimé et où il pourrait sans trop de périls se consacrer à ses paroissiens. Charles et Jean Deniaud, deux frères, offrent l'hospitalité. Le premier avait une ferme à Kergonan, le second, habitait le hameau de Kerbriant