JEAN DE NEYMAN - Héros de la Résistance.




Le 2 Septembre 1944, à Heinlex, près de St Nazaire, tombait sous les balles allemandes, comme tant de ses camarades, cet homme de trente ans, héros et martyr de la Résistance, un des derniers fusillés de la Poche de St Nazaire, aussi calme devant la mort qu'il était courageux devant le danger.


Né le 2 Août 1914, c'est un élève brillant qui entre en 1934 à la Faculté de Strasbourg.

Militant actif, il apporte des colis aux antifascistes emprisonnés en Allemagne et va jusqu'à contracter un mariage blanc avec une jeune Allemande communiste incarcérée pour propagande anti–nazie, afin de la soustraire à la prison.


Nommé professeur à St Etienne il est affecté à la déclaration de guerre dans un laboratoire de l'armée. En 1940 il est chassé de l'enseignement public (il est fils de Polonais) et s'exile à La Baule où il devient professeur dans un cours privé «le Cid»


Il entre sans hésiter dans la résistance active et devient vite un des animateurs de la région. Il ne va pas tarder à s'illustrer

Deux résistants ayant tiré sur des soldats allemands, la Kommandantur de Guérande prend 10 otages et annonce qu'ils seront fusillés dans les 48 heures si les coupables ne se dénoncent pas.

Jean aide les deux résistants à s'enfuir puis rédige une lettre de menaces : Si les otages sont fusillés, le chef de la Kommandantur sera exécuté et on tirera sur tout soldat allemand sortant de la ville.


Avec une audace inouïe, habillé en soldat allemand, monté sur un vélo allemand, il va lui-même porter la lettre à la Kommandantur. Le stratagème réussit et les otages seront libérés ! !


Début Juin 44 Jean de Neyman entre dans la clandestinité et constitue une équipe dont le lieu de résidence sera la ferme de Joseph GERGAUD à Kermichel en St Molf


Cette équipe comprend outre Jean et Joseph, Bernard CABASSON, Jean MERCY, Jean LEGUEN et quelques autres, ainsi qu'un déserteur de nationalité tchèque enrôlé dans la Wehrmacht


L'activité du groupe est importante : coupures de câbles souterrains, ruptures de câbles électriques et téléphoniques, sabotages de transformateurs, destruction et désamorçage de mines, chasse aux Géorgiens pilleurs de fermes


En plein jour ils attaquent le poste allemand de Pont d'Armes, un soldat est tué par CABASSON .

Persuasif, Jean de Neyman réussit à décider 72 Polonais cantonnés à Mesquer de se joindre au groupe le jour où les Américains attaqueraient St Nazaire.

Début Août, deux marins allemands déserteurs se joignent à eux et participent à quelques actions


Le 17 Août , non loin de la ferme, les deux marins sont surpris par une patrouille allemande. L'un s'enfuit mais l'autre est capturé. Jean de Neyman essaie de la secourir en discutant avec les soldats mais il est arrêté à son tour.

Les deux hommes sont emmenés au château d'Heinlex.

A leur tour GERGAUD et MERCY sont arrêtés et la ferme de Kermichel est saccagée.


Les prisonniers se retrouvent tous à Heinlex où on les laisse trois jours sans manger avant de les transférer au Camp Franco, près de Gron en Montoir. Sont également arrêtés le Capitaine DAVID et le Premier Maître BRETON, gendarme maritime, tous deux soupçonnés d'avoir transporté des membres du groupe.


Le déserteur allemand, torturé avant d'être fusillé, dénonce ceux qui l'ont recueilli.

Lors du procès, Jean de Neyman prend tout à sa charge et réussit à persuader les juges qu'il est seul coupable et que ses camarades sont innocents. Il est condamné à mort le 25 Août, ayant fait en connaissance de cause le sacrifice de sa vie. Son courage et son sens de l'honneur ont impressionné les Allemands eux-mêmes.


D'abord condamné à mort, GERGAUD voit sa peine commuée en deux ans de prison. Il sera libéré 45 jours plus tard, après avoir été interné à Méan


Avant de mourir, Jean de Neyman écrit une lettre d'adieu émouvante à ses parents. En voici la fin…

«  Vivez pour continuer à faire progresser le monde, comme vous m'avez appris à le faire. J'ai conscience encore plus aujourd'hui, combien ce que j'ai fait est au fond votre œuvre et je vous prie de faire quelque chose de bien de chacun de vos petits enfants, actuels et futurs, car je compte sur vous pour que les enfants de Neyman soient aussi dépourvus de toute illusion religieuse que moi et que ce soit en pleine conscience d'homme qu'ils sachent faire leur devoir d'homme.

En vous embrassant, mes chéris, je vous écris la conclusion de ma vie, entre deux morales célèbres « Il n'est pas besoin d'espérer pour entreprendre ni de réussir pour persévérer » et « Tout le bonheur de l'homme tient dans ce devoir: Agir et espérer »

Un décret du 26 Avril 1956 attribue à Jean de Neyman, à titre posthume, la médaille de la résistance


Source : Le cahier de l'AREMORS