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Versailles le 16 Avril 1871 5 H. 45 Min. du soir Dépêche télégraphique Le Chef du Pouvoir Exécutif à M.M. les Préfets, Sous Préfets, Généraux, Commandants les Divisions et Subdivisions militaires, Procureurs Généraux, Procureurs de la République et à toutes les autorités civiles et militaires. Circulaire. Le Gouvernement s'est tu hier parce qu'il n'y avait aucun événement à faire connaître au public et, s'il parle aujourd'hui, c'est pour que les alarmistes mal intentionnés ne puissent abuser de son silence pour semer de faux bruits. La canonnade sur les deux extrémités de nos positions, Châtillon au Sud, Courbevoie au Nord, a été fort insignifiante cette nuit, nos troupes s'habituent à dormir au bruit de ces canons qui ne tirent que pour les éveiller Nous n'avons donc rien à raconter, si ce n'est que les insurgés vident leurs principales maisons de Paris pour en mettre en vente le mobilier au profit de la Commune, ce qui constitue la plus odieuse des spoliations. Le Gouvernement persiste dans son système de temporisation pour deux motifs qu'il peut avouer, c'est d'abord de réunir des forces tellement imposantes que la résistance soit impossible et dès lors peu sanglante, c'est ensuite pour laisser à des hommes égarés le temps de revenir à la raison. On leur dit que le Gouvernement veut détruire la République, ce qui est absolument faux, sa seule occupation étant de mettre fin à la Guerre civile, de rétablir l'ordre, le crédit le travail et d'opérer enfin l'évacuation du territoire par l'acquittement des obligations contractées envers la Prusse. On dit à ces mêmes hommes égarés qu'on veut les fusiller tous, ce qui est encore faux, le Gouvernement faisant grâce à tous ceux qui mettent bas les armes comme il a fait à l'égard de deux mille prisonniers qu'il nourrit à Belle Isle, sans en tirer aucun service. On leur dit enfin que privés du subside qui les fait vivre, on les forcera à mourir de faim, ce qui est aussi faux que tout le reste puisque le Gouvernement leur a promis encore quelques semaines de ce subside pour leur fournir le moyen d'attendre la reprise du travail, reprise certaine si l'ordre est rétabli et la soumission à la loi obtenue. Eclairer les hommes égarés tout en préparant les moyens infaillibles de réprimer leur égarement s'ils y persistent, tel est le sens de l'attitude du Gouvernement et si quelques coups de canons se font entendre, ce n'est pas son fait, c'est celui de quelques insurgés voulant faire croire qu'ils combattent lorsqu'ils osent à peine se faire voir. La vérité de la situation, la voilà tout entière et pour un certain nombre de jours, elle sera la même. Nous prions donc les bons citoyens de ne pas s'alarmer si tel ou tel jour le Gouvernement, faute de n'avoir rien à dire, aime mieux se taire. Il agit et l'action ne se révèle que par les résultats, or ces résultats, il faut savoir les attendre, loin de les hâter, on les retarde en voulant les précipiter. Pour copie conforme, le Préfet de la Loire Inférieure Signé: Ernest Pascal