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Nantes le 14 février 1871 Abandon de postes: Monsieur le Maire, A la nouvelle de l'Armistice, un grand nombre de Gardes Nationaux mobilisés se sont cru en droit d'abandonner leur poste pour rentrer dans leurs foyers. C'est une faute excessivement grave. Ceux qui l'ont commise n'ont pas compris sans doute qu'en quittant les rangs du Corps auquel ils appartiennent ils se constituaient en état de déserteur devant l'ennemi et s'exposaient au châtiment le plus rigoureux. Ils n'ont pas compris surtout que dans l'intérêt même de la Paix, la Patrie a besoin de la présence de tous ses enfants, qu'abandonner son poste en pareil moment c'est exciter l'ennemi à exagérer ses prétentions, c'est rendre la paix plus difficile sinon même tout à fait impossible. Je ne doute pas que, mieux éclairés, chacun de ceux qui peuvent se trouver en ce moment dans votre commune ne s'empresse de regagner leurs bataillons respectifs sur votre simple invitation. Veuillez donc, je vous prie dès la réception de cet avis faire prévenir ceux des mobilisés qui se trouveraient en contravention et veillez à ce qu'ils rejoignent sans retard leurs compagnies. Dans le cas où contre mon attente, vous rencontreriez de la résistance ou seulement de la négligence, vous m'en informeriez immédiatement après en avoir donné avis à la brigade de gendarmerie la plus proche. Les hommes qui persisteraient alors dans l'oubli de leur devoir seraient traduits en Conseil de Guerre pour l'application des peines qu'ils auraient encourues. Agréez Monsieur le Maire, l'assurance de ma considération la plus distinguée. Le Préfet. A. Fleury