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St Nazaire le 3 Septembre 1870 Tribunal de Première Instance. Parquet du Procureur Impérial Monsieur le Maire, Des menées odieuses se sont produites sur plusieurs points du territoire. Dans le but évident d'amener des scènes de désordre et de troubler l'union commandée devant l'ennemi, on répand des bruits de trahison, de secours envoyés à la Prusse. Au milieu des circonstances douloureuses dans lesquelles nous nous trouvons, plusieurs se livrent aveuglément aux plus injustes défiances, peut-être même à des suggestions intéressées. Les rumeurs absurdes, propagées perfidement dans les campagnes, ne peuvent qu'égarer les esprits et affaiblir les courages. Les efforts du pays ne seront efficaces que par une forte union et par l'oubli complet des luttes électorales et des ressentiments des partis. Toute division intérieure aurait pour effet désastreux de seconder l'ennemi. Dans cette situation, votre devoir, comme officier de police judiciaire, est tout tracé. Apaiser et raffermir les esprits, combattre énergiquement les faux bruits, assurer l'ordre matériel et le respect des propriétés, concourir à l'organisation de toutes les forces vives de la France, réprimer immédiatement les manŒuvres dangereuses et criminelles, telles doivent être vos constantes préoccupations. Nos campagnes vont être inondées de repris de justice, de gens sans foi ni loi quele patriotisme du Général Trochu et les nécessités de la défense ont chassés de la capitale. Il faut veiller avec le plus grand soin à leurs agissements et ne pas hésiter à arrêter et à conduire devant moi, tous les mendiants valides, tous les vagabonds, tous les gens suspects. Des incendies nombreux ont, depuis quelques jours, éclaté sur divers points de l'arrondissement, ils doivent éveiller aussi votre plus sérieuse attention. Des exemples ont déjà été faits, des arrestations ont été opérées, il faut qu'une exacte répression atteigne des délits qui empruntent à la situation actuelle un caractère de gravité tout exceptionnelle. Je compte sur votre vigilance la plus attentive et la plus ferme, comme sur votre patriotisme pour m'aider à accomplir l'Œuvre de la justice. Vous aurez soin de m'informer constamment et d'urgence des divers faits qui seraient de nature à réclamer le concours de l'autorité judiciaire. Recevez Monsieur le Maire, l'assurance de ma considération la plus distinguée. Le Procureur Impérial.