LA VIE EN FRANCE ET A SAINT-LYPHARD
PENDANT LA GUERRE
Après l'invasion de l'Autriche et de la Tchécoslovaquie, l'armée allemande attaque la Pologne le 1er Septembre 1939. Grâce au pacte qui lie l'Allemagne à l'Union soviétique, l'armée polonaise sera écrasée en quelques semaines.
Le 3 Septembre, la France et l'Angleterre déclarent la guerre à l'Allemagne pour respecter les engagements pris envers la Pologne.
C'est le début de la « Drôle de guerre » qui verra les armées françaises et alliées immobilisées le long des frontières, chacun restant sur ses positions.
Cette situation durera jusqu'au 10 Mai 1940 , date à laquelle la Wehrmacht , ses blindés et l'aviation, déclencheront une attaque massive - la Blitzkrieg - qui balaiera devant elle l'ensemble des forces belges, françaises et britanniques.
Les hommes des classes 20 à 40 sont mobilisés dès la mi-Août 1939, exceptés quelques cas particuliers.
Environ 150 lyphardais furent ainsi appelés sous les drapeaux. Quelques « anciens » seront aussi mobilisés, en particulier pour convoyer des chevaux vers le front.
Dès l'attaque allemande, les populations de l'Est et du Nord de la France auxquelles s'étaient joints des Belges et Luxembourgeois, quittent leurs régions pour échapper à l'envahisseur
Ce fut l'Exode qui vit défiler dans la plus complète pagaille, 10 millions de personnes sur les routes de France.
Plusieurs familles se sont ainsi installées provisoirement dans des maisons inhabitées de St Lyphard.
Quelques réfugiés, ayant trouvé la région et ses habitants à leur goût, décidèrent de rester sur place et d'y faire souche.
Le 17 Juin 1940, le Maréchal Pétain demande l'Armistice
Le même jour, le paquebot britannique LANCASTRIA qui quittait St Nazaire avec 6000 hommes de troupes à destination de l'Angleterre, fut bombardé et coulé par la Luftwaffe. On dénombra environ 4000 tués parmi lesquels des Britanniques, des Polonais, des Tchèques…
Le 18 Juin c'est l'Appel du Général de Gaulle. Les Allemands s'emparent d'Ancenis.
Le 19 Juin , le cuirassé Jean Bart , en cours de finition, quitte St Nazaire en catastrophe , pour rejoindre Casablanca, sous les ordres du Vice-Amiral Ronarch'c
Le 21 Juin, les Allemands arrivent à St Nazaire et en Presqu'Île. C'est le début de l'occupation après une guerre qui aura duré 40 jours.
Les deux tiers du territoire français passent sous domination allemande.
Commence alors une longue période d'humiliations, de privations, de répression qui verra aussi le développement du système « D » et du marché noir
En Août 1940, le Haut Commandement allemand prescrit le recensement des prisonniers de guerre bretons afin de les rapatrier. Ceux -ci devaient se déclarer Bretons, c'est à dire non Français ! !
L'opération eu très peu de succès. Sur les 300 000 prisonniers bretons , à peine 200 acceptèrent le marché. Alors les Allemands se vengèrent et les récalcitrants furent expédiés en Poméranie et en Prusse orientale où ils furent mis au travail sur les chantiers de Pologne et le long de la frontière russe.
A noter que les habitants de la Loire Inférieure étaient considérés comme Bretons par l'occupant.
Afin de surveiller la Côte et la Brière, les troupes allemandes étaient cantonnées un peu partout et jusque dans les écoles tandis que les officiers logeaient chez les particuliers
C'est ainsi que les trois Cafés du bourg de St Lyphard furent réquisitionnés par la Mairie pour servir de salles de classes
Les plus jeunes élèves sont accueillis au Café de la Place tandis que les plus âgés fréquentent le premier étage de l'actuel Café de la Poste et le Café du Centre, aujourd'hui disparu.
A cette époque il n'existait pas de restaurant scolaire. Les enfants du bourg et des villages proches retournaient chez eux pour le déjeuner tandis que ceux qui habitaient les villages plus lointains devaient se contenter du casse-croûte préparé par Maman. L'hiver, une soupe chaude leur était servie par les religieuses et par les propriétaires des Cafés, en échange d'une petite participation financière.
Bien que quelques hommes aient réussi à regagner leur domicile dès la fin des combats, la plupart des soldats français se trouvaient prisonniers en Allemagne
Les femmes devaient alors assumer la fonction de chef de famille et pourvoir aux besoins des enfants
Chacune d'entre elles dut travailler dur dans sa petite exploitation agricole ou chez un employeur. Certaines devinrent femme de ménage, couturière, ouvrière d'usine
Le pays pillé par l'occupant, n'offrait plus le nécessaire aux Français
Tandis qu'un majorité de la population s'efforçait par tous les moyens de subvenir à ses besoins, une minorité, dans l'ombre préparait la revanche. Se joignaient souvent à ces résistants les réfractaires au Service du Travail Obligatoire ( STO) institué par le gouvernement de Vichy
Malgré tout, il fallait bien manger et malgré leur réticence, les hommes qui avaient eu la chance d'échapper à la captivité, durent accepter de travailler pour l'occupant
Dès le début de l'année 1941, certains participèrent à la construction de la base sous-marine de St Nazaire et des bunkers du fameux « Mur de l'Atlantique »
Des chantiers énormes où, aidés de dizaines de bétonnières, les équipes se relayaient jour et nuit.
La base sous-marine, sur l'emplacement de l'embarcadère de la Compagnie Générale Transatlantique mesure 301 m. de long sur une largeur de 120 m. et une hauteur de 18 m. C'était une véritable forteresse qui pouvait abriter de nombreux sous-marins
Pour la détruire, les Anglais puis les Américains la bombardèrent de nombreuses fois sans lui causer de dégâts majeurs, par contre la ville de St Nazaire fut rasée à 85 %
Des avions, touchés par la DCA s'abattirent près de St Lyphard. On en retrouva des débris dans un grenier à Kerdoguet et sur la Butte à Grasset. Sept bombes perdues tombèrent entre ce village et Kerado
Dès le printemps 1941, les produits alimentaires commencent à se raréfier, l'État français, sous contrôle allemand institue les cartes de rationnement. Les rations étant calculées suivant les âges et les professions. Les catégories se décomposaient en J1, J2, J3, travailleurs de force, les personnes âgées etc.…
Chaque mois, la Mairie distribuait les attributions à chacun : Tickets de pain, de sucre, de viande et autres produits de première nécessité. Les hommes de plus de 21 ans avaient droit à des bons de tabac et de cigarettes.
Les récoltes de blé et céréales devaient être déclarées en Mairie. L'agriculteur obtenait alors un bon pour la mouture du blé qui lui était attribuée en fonction de l'importance de sa famille. Le surplus était livré à la Coopérative ou à un négociant.
Les meuniers et minotiers étaient très surveillés par les services du Ravitaillement et de la Douane. La Gendarmerie contrôlait le transport de ces denrées.
A cette époque fonctionnaient à St Lyphard les moulins de Sahelin dit « Moulin à Gaston », les moulins de Kerbourg, de la Croix Longue et de Landieul.
Pour ce qui concerne l'habillement, les mères de famille faisaient « durer » les vestes et pantalons de leurs maris, rapiéçant, raccommodant aussi les blouses et chaussettes de leurs enfants.
Le tissu faisant défaut, certaines ménagères ont même utilisé les rideaux des lits pour les transformer en chemises ou tabliers
Les chaussures étaient plusieurs fois ressemelées et furent bientôt remplacées par des sabots ou des chaussures à semelles de bois.
A cette époque, tous les villages n'étaient pas alimentés en courant électrique; Des bons de pétrole étaient distribués par la Mairie pour faire fonctionner des éclairages de fortune. Des bougies en résine furent aussi fabriquées ainsi que des lampes à carbure
Malgré tous ces problèmes, la population rurale n'était pas la plus malheureuse. Les habitants des villes, par contre devaient parcourir la campagne afin d'essayer d'améliorer l'ordinaire.
Les plus débrouillards utilisaient des vélos rafistolés équipés de pneus pleins fabriqués avec de vieux tuyaux d'arrosage ou des morceaux de pneus de voiture
Le charbon de chauffage se faisant rare, le bois et même la tourbe étaient très recherchés. Un important volume de « motte » fut extrait de Brière pendant les années de guerre.
Profitant de cette pénurie généralisée, des gens peu scrupuleux organisèrent un marché parallèle dit « marché noir » où tout était vendu à des prix prohibitifs au détriment de la population peu argentée.
Cette situation durera de nombreux mois après la fin de la guerre
Le 22 Juin 1941, après dénonciation du pacte germano-soviétique, l'armée allemande attaque l'URSS et vole de victoires en victoires. Elle sera stoppée à 30 km de Moscou.
Le 7 Décembre 1941, c'est l'attaque surprise des Japonais sur la base américaine de PEARL HARBOR et la déclaration de guerre des États Unis au Japon et à l'Allemagne.
Pendant ce temps la guerre fait rage en Afrique et sur mer où les sous-marins allemands coulent des centaines de bateaux alliés.
En Libye, les troupes anglo-françaises combattent l'Afrika Korps du Général ROMMEL et l'aviation allemande pilonne l'Angleterre
Le 28 Mars 1942, afin de rendre inutilisable la Cale Joubert, seule capable de recevoir sur la Côte Atlantique les grands croiseurs allemands, les Alliés déclenchent sur le port de St Nazaire, une attaque de Commandos dite « Opération Chariot ».
En pleine nuit, après s'être subrepticement approché de la côte, le vieux destroyer CAMPBELTOWN, bourré d'explosifs, s'encastre dans la porte aval de l'ouvrage.
Quelques heures plus tard, le bateau explose, secouant la ville et tuant des centaines de marins allemands qui étaient montés à bord.
Environ 600 soldats et marins alliés participèrent à l'opération. La plupart d'entre eux furent tués ou faits prisonniers. Très peu réussirent à rejoindre leur base en Angleterre.
L'occupant avait éprouvé une belle frayeur, croyant à un véritable débarquement. Hélas, il fallut attendre deux ans pour que celui-ci fut décidé.
Le 8 Novembre 1942, les Anglo- Américains débarquent au Maroc et en Algérie. Les Allemands en profitent pour envahir l'ensemble du territoire français jusque là séparé en deux zones. Cette manÅ“uvre aura pour effet de provoquer le sabordage de la Flotte à Toulon.
Le 9 Novembre, pour sa première mission sur St Nazaire, l'aviation américaine bombarde le port et les chantiers navals, tuant 134 apprentis et leurs instructeurs.
Courant Décembre, c'est l'encerclement de la VI éme armée du Général von Paulus à
Stalingrad et les début des revers pour l'armée allemande.
En 1943, la presque totalité de l'Europe est occupée par les Allemands. Pour compenser d'énormes pertes en vies humaines, Hitler mobilise les hommes de son pays de 15 à 65 ans et les femmes de 15 à 45 ans.
En France, la Résistance s'oppose de plus en plus à l'occupant, sabotant les voies de communications, détruisant des installations utiles à l'ennemi, tuant des officiers… .Il s'ensuit une vague de répression qui durera jusqu'aux derniers
jours de la guerre. A St Lyphard, deux personnes seront arrêtées, l'une d'elles mourra en déportation.
Malgré le danger, les plus jeunes narguent l'occupant allant même
jusqu'à organiser des bals ( interdits ) en Brière, sur la Butte des Pierres.
Au début de l'année 1944 , plusieurs centaines d'enfants de St Nazaire et la région seront évacués vers les villes de l'intérieur , Varades , La Bourboule , le Mont Dore…
Enfin le 6 Juin c'est le débarquement naval et aéroporté des troupes alliées en Normandie et le début de la libération de la France
Le 24 Août, les chars du Général Leclerc atteignent Paris mais plusieurs « Poches » dont celle de St Nazaire sont laissées aux mains des Allemands
De Septembre 1944 à Mai 1945, la région de St Nazaire toujours occupée sera encerclée par les troupes franco américaines, les FFI et il s'instituera une cohabitation souvent difficile entre 125 000 Français et 28 000 soldats allemands
La Poche ne sera libérée que le 11 Mai soit 3 jours après l'armistice officiel
De nombreux Nazairiens sont réfugiés dans les communes de Brière et partagent la vie des Briérons. Tout le monde
participe aux activités agricoles dont une grande partie était réquisitionnée par l'occupant qui de plus, faisait main basse sur les bovins et la volaille.
On pourra dénombrer que près de 20 000 exploitations agricoles seront plus ou moins pillées.
En outre, 6 000 hectares de terrain seront minés. On recensera 30 000 mines sur tout le département
Le 8 Mai 1945 des officiers français, américains et allemands se rencontrent près de Cordemais pour étudier les termes de la reddition confirmée le 10 par une cérémonie officielle qui se déroulera à Bouvron en présence des Généraux KRAEMER pour les USA, CHOMEL pour la France, et JUNCK pour l'Allemagne.
C'est la fin du cauchemar pour les « empochés » et pour des millions d'hommes et de femmes à travers le monde.
De grande manifestations de joie se déroulent un peu partout, quelques débordements aussi, c'est ainsi qu'un plaisantin tire des coups de fusil sur le coq girouette de l'église de St Lyphard qui se trouve bloqué durant de longues années
Enfin, lentement la vie normale reprend son cours avec le retour des prisonniers de guerre et les premiers travaux de reconstruction
DENRÉES |
ATTRIBUTIONpar personne |
PRIX NORMAL |
PRIX AU MARCHÉNOIR |
|
10 grammes / jour |
60 F. le kilo |
600 F. le kilo |
|
400 grammes / mois |
60 F. le kilo |
125 F. le kilo |
|
1 litre / semaine |
10 F. le litre |
40 F. le litre |
|
500 grammes / mois |
11 F. le kilo |
220 F. le kilo |
|
275 grammes / jour |
3, 75 F. le kilo |
25 F. le kilo |