Témoignage de M. Marcel LEGUEN - né en 1930


Je vous livre mes souvenirs un peu dans le désordre. Il faudrait écrire pour remettre tout cela en place.


Mon frère Pierre a été arrêté par les Allemands pour faits de résistance, une semaine avant la fermeture de la Poche. Il a été déporté et nous ne l'avons jamais revu.


Je me souviens que pendant cette période, des soldats allemands achetaient ou réquisitionnaient dans les fermes.


Ils emmenaient de la viande et des légumes et nous disaient que les meilleurs morceaux étaient réservés aux officiers. J'en ai vu qui mangeaient des feuilles de choux-fleurs pendant que les « cœurs » étaient réservés à leurs supérieurs.


Je me rappelle qu'une tranchée anti-chars coupait la route de St André, à peu près en face Trécrelin. Cet endroit était miné et je me souviens m'être fait sévèrement réprimander par un officier pour m'en être trop approché.


Un canon pointé vers ce barrage était installé derrière ce qui est devenu la pépinière Gicquiaud.

Ce canon qui n'a jamais tiré, était gardé par 6 soldats qui logeaient dans un petit local construit tout exprès.


Les champs étaient pleins de poteaux verticaux, plantés pour empêcher les atterrissages.

Un poste de DCA légère était installé derrière l'auberge du Nézyl. Il était équipé d'un projecteur qui fonctionnait grâce à un groupe électrogène.


Des Géorgiens logeaient dans le village de Keralio dans des maisons réquisitionnées.

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A Trécrelin , fin 44 , deux motocyclistes allemands ont été attaqués à coups de revolvers par des résistants.

Croyant que ceux ci s'étaient réfugiés dans la ferme de M. PEUZET, dès le lendemain, les Allemands sont revenus en force et ont perquisitionné partout sans rien trouver. Cette ferme était située presque en face de l'entrée actuelle de la pépinière GICQUIAUD


Tout le monde ramassait les tracts largués par les avions anglais. C'était interdit et malheur à celui qui se faisait prendre. Malgré cela , nous en avions souvent dans les poches.


Mon frère Jean faisait partie d'un réseau de résistance dirigé par JEAN de NEYMAN. Il a participé avec ce groupe à de nombreuses actions contre l'occupant.

Ils étaient cachés à Kermichel en St Molf , tout près de l'actuel centre équestre « La Champagne » .

C'est là que JEAN de NEYMAN et quelques uns de ses compagnons ont été arrêtés le 17 Août 1944 avant d'être torturé et condamné à mort le 25 Août.

Une stèle à sa mémoire a été érigée à Heinleix, près du lieu où il fut exécuté.