Entretien avec le Dr. Jean LITOUX
fils de M. Pierre LITOUX, ancien Maire de St Lyphard
Mes premiers souvenirs concernant cette époque fut l'arrivée de réfugiés venant du Nord. C'étaient des soldats polonais, des juifs allemands, des soldats algériens, des civils belges et des habitants des départements du Nord.
Je me souviens de fossés anti – chars creusés un peu partout et en particulier à Trécrelin.
Notre maison de Kervy était partiellement occupée par les Allemands.
Je me souviens de l'arrivée des premières troupes d'occupation. C'était un groupe de soldats, à vélo, qui cherchaient à acheter à manger dans les épiceries, en particulier du chocolat.
L'un d'eux me demanda de lui acheter du pain, ce que je fis, à la désapprobation de ma famille.
A part ceux qui logeaient chez nous, je ne sais pas où habitaient les autres.
Leur comportement, plutôt « sympathique » au début de l'occupation devint de plus en plus « sévère » au cours des années.
Dans les rapports avec la population la situation était celle d'occupant à occupé, d'humiliant à humilié, de vainqueur à vaincu rêvant de revanche.
Une batterie de DCA située entre le Nézyl et le Brunet fut plusieurs fois mitraillée par des avions.
D'autres avions, sans doute touchés par la DCA se délestaient de leurs bombes, un peu n'importe où
Nous savions que les villes de Nantes et St Nazaire étaient sévèrement bombardées grâce aux réfugiés de ces villes qui venaient se mettre à l'abri en campagne.
Je ne me souviens pas avoir trop souffert des restrictions, mais je me rappelle que les cartes de rationnement on été distribuées à la population jusqu'en 1949, me semble-t-il.
L'armée d'occupation n'avait plus sa « superbe » d'autrefois. Les chariots à chevaux, conduits par des Mongols ou des Ukrainiens rebelles à Staline, remplaçaient les véhicules automobiles devenus rares
Je n'ai pas de souvenir particulier de la période de « La Poche » . J'avais 15 ans, l'été fut plein d'espoir. En automne je rejoignis ma pension de Guérande et l'hiver suivant je fus évacué à Nantes dans un train de wagons à bestiaux. Je sais cependant que l'électricité était rare et qu'on s'éclairait avec des lampes à huile ,on roulait à vélo avec des pneus pleins. Nous portions des galoches à semelles de bois et nous avions des engelures aux mains.
L'armistice fut signé quand j'étais dans cette ville, ce fut la liesse, les défilés dans les rues, les chants de victoire
Mon père faisait partie d'un réseau qui collectait des renseignements destinés à Londres, ceux – ci concernaient la construction de la base sous-marine de St Nazaire, puis plus tard les mouvement de troupes remontant vers la Normandie que mon père et ses amis tentaient de ralentir, sabotant entre autres les chariots hippomobiles réquisitionnés par l'occupant, coupant ses lignes téléphoniques etc.…mais aussi freinant l'ardeur des plus jeunes, trop imprudents.